Un énorme soupir se fait entendre dans la pâtisserie encore silencieuse. Une petite voix jaillit du comptoir où reposent au milieu des guirlandes de savoureux gâteaux:
« -Qui se plaint en ce matin béni?
-C’est moi, la bûche au chocolat. Je suis épuisée par cette nuit sans sommeil.
-Et nous, alors, rétorquent les marrons glacés, tu as vu comme on nous traite? On nous épluche sans ménagement, on nous enrobe de sucre écoeurant puis on nous enferme dans une boîte; bonjour la claustro!
-Taisez-vous, les gars! Y’a du monde qui arrive, avertissent les petits chocolats. »
La clochette de l’entrée, en effet, n’arrête pas de se faire entendre. Des clients emmitouflés, les joues rougies par le froid, arrivent.
« -J’aimerais une bûche au chocolat pour six personnes, » avance une dame aux cheveux blancs.
« -Non, je m’en doutais, c’est toujours moi qui pars la première. Adieu, mes amis, je vous ai peu connus mais je vous regrette déjà.
-T’en fais pas, la rassurent les petits chocolats. Tu vas être la reine de la table à Noël. On va te poser sur un magnifique plat de porcelaine. Tu vas trôner au milieu de la table et tout le monde va te manger des yeux.
-Oui, toi, on va t’admirer avant de te déguster, renchérissent les marrons glacés. Tandis que nous, on nous prend et hop…dans la bouche! »